• Dimanche 1er juin 2014

    Hier soir, soirée culturelle grâce à un spectacle gratuit, les seuls que l’on peut se permettre. Pas totalement gratuit d’ailleurs, il fallait payer l’essence pour les 40 kilomètres aller-retour. Il s’agissait d’une interprétation en roue libre du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. On peut se dire que ce spectacle a été possible grâce aux subventions. Ceci dit, pour une fois, et en comparaison avec ce qui est financé d’ordinaire, l’argent n’a pas été dilapidé. 250 figurants, ce n’était pas rien. Notons la fusion intéressante qu’il y avait entre différentes organisations artistiques de la communauté urbaine ; à savoir un orchestre, une fanfare municipale, une fanfare d’un club sportif, une école du cirque, une école de claquettes, une troupe de théâtre. Chacun avait son ou ses moments d’expression, sans que cela empiète sur les autres. Tout le monde avait le droit à la parole, chacun son tour, sans que cela ne se termine en galimatias incompréhensible, en bouillie qui, en voulant tout être, n’aurait rien été.

    J’ai été très impressionné par l’école du cirque. Je ne suis plus allé au cirque depuis des décennies, vouant une sainte horreur aux clowns. Dans cette adaptation moderne se déroulant la nuit dans un chantier, les apprentis acrobates jouaient lutins et farfadets, avec un certain talent. Mention spéciale à une toute jeune fille en justaucorps bleu, qui était entortillée dans une espèce de chrysalide de tissu de même couleur. Son enveloppe se déroulait pendant qu’elle tombait en tournoyant sur elle-même, et la fin du tissu l’amenait suspendue dans le vide la tête en bas. D’un mouvement gracieux, elle se replaçait à l’horizontale, puis descendait. Je me suis posé la question les trois fois où elle fit le numéro : ce « petit papillon » avait-elle déjà manqué son coup à l’entraînement ? Car les choses étaient claires : nous avions affaire à des amateurs, dans le sens, des gens qui n’en n’ont pas fait leur métier et qui s’entraînent quand ils le peuvent. Ceux dont l’art n’est pas un full time job.  La meilleure forme d’art, après tout, la plus naturelle, la plus spontanée.

    L’orchestre était bon, avec une bande son oscillant entre le mambo, le calypso et le jazz (mais sans le piano et sans le vibraphone),  la fanfare municipale à la hauteur et audacieuse. Oui, pour vouloir interpréter Funky Town avec des instruments de fanfare, il faut une audace dantonesque. Notons également que le scénario aurait pu être pire, surtout pour une œuvre totalement subventionnée… Un personnage masculin se déguisait en femme, mais – cela en devient maintenant politiquement incorrect  - le personnage principal charmé par les fées quitta son horrible fiancée très castafiorienne pour la timide secrétaire. Happy End.

    Ceci prouve qu’en 2014, on peut encore trouver des spectacles qui ne soient pas des œuvres de propagande et regardables par toute la famille. Bien sur, ce n’est pas Molière, ce n’est pas Shakespeare, ce n’est pas même pas Labiche, mais à l’aune du monde aujourd’hui, c’est mieux que tout ce qu’on peut voir. Comme dit le vieil adage : « Faute de grives, on mange des merles »… 


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