• Démocratie et loi de Lynch

    Les images de l’ambassade des Etats-Unis à Benghazi saccagée, Christopher Stevens – l’ambassadeur - assassiné par une foule en liesse, ont un arrière-goût de déjà vu… Quelques mois plus tôt, c’est le colonel Kadhafi qui mourrait de la même façon avec ses fils par les assassins d’aujourd’hui qui étaient hier les collaborateurs de l’agresseur américain… Ironie du sort (ou justice divine ?), l’ambassadeur Stevens était le lien entre le gouvernement américain et ceux qui étaient à l’époque « les rebelles ». Notons que sous Kadhafi, aucun ambassadeur américain ne fut lynché…

     

    Le lynchage semble consubstantiel à la démocratie, qu’elle soit ploutocratique ou socialiste.  En 1962, on lynchait les colons d’Algérie, comme ils le furent à Madagascar en 1947 et comme le furent leurs homologues allemands par les Hereros en 1902. En 1945, le chef d’Etat italien Benito Mussolini fut ainsi massacré avec sa femme Clara par les communistes italiens. On sait maintenant que le meneur de la foule était un agent de l’Intelligence Service qui tenait à récupérer des papiers compromettant pour Churchill… En 1944, en France, de nombreuses scènes de lynchages de prétendus collabos, généralement dans les zones sous contrôle FTP. Loin d’être inquiétés, les meneurs firent parfois leur chemin dans les allées du pouvoir. Le premier massacre de la Seconde Guerre Mondiale fut d’ailleurs un lynchage commis par le « camp des bons » : celui de 56000 civils allemands le 3 septembre 1939 par les Polonais. En 1936, en Espagne, lynchages dans ce que l’histoire aux ordres appelle « le camp de la démocratie ». Même chose au Mexique en 1926, en Russie en 1917… dans la plus pure tradition de la Révolution Française, qui « ouvrait une ère de liberté », du pauvre gouverneur de la Bastille qui avait refusé de tirer sur la canaille à la malheureuse princesse de Lamballe, coupable d’avoir tenté d’avertir la reine du danger des loges. Révolution Française qui n’est que la suite de la Révolution américaine où, fuyant les lynchages, les partisans de la Couronne se réfugièrent au Canada (le mot lyncher vient d’ailleurs du colonel Charles Lynch, grand épurateur de Virginie…)

     

    Les régimes démocratiques aiment se ranger sous le symbole de l’étoile (rouge, jaune, blanche…), mais celle-ci éclaire surtout les lynchages. Ceux-ci ne sont pas gratuits. On présente souvent ces atrocités comme une sorte d’exutoire populaire. Il est vrai qu’il n’y a rien de plus « démocratique » qu’un lynchage : le peuple a le pouvoir, le pouvoir de juge et de bourreau. Mais en creusant un peu la question, on se retrouve dans la fable de La Fontaine Le chat et le singe. Pendant que le premier se brûle les pattes à tirer les marrons du feu, le second profite de la situation sans risque. On y retrouve aussi le poème anglais Le Morse et le charpentier : pendant que le second fait la cuisine, le premier a mangé toutes les huîtres. La masse moutonnière massacre, pille, viole, et derrière, d’autres lancent les mots d’ordres et encaissent les dividendes. La démocratie, c’est le théâtre de Guignol : il y a la marionnette de Pandore, la marionnette de Gnafron, la marionnette de Guignol. Pendant tout le spectacle, les enfants les voient se battre, mais dans les coulisses, c’est la même main qui tire les ficelles…

     

    Qui tire les ficelles derrière ce lynchage libyen ? A peu de choses près, ceux qui les tiraient lors de la « révolution arabe ». Circulent sur Internet des récits horrifiques à défaut d’être véridiques sur la mort de l’ambassadeur. Il s’agit simplement d’une reprises des récits – plus authentiques ceux-ci – de la mise à mort du Raïs déchu. Ces récits émanent des milieux racistes juifs, couplés avec ceux du lynchage d’un rabbin à Bombay, et visent à exciter l’opinion publique dans la haine du musulman. Reprise de la méthode appliquée jadis contre la « barbarie » supposé des catholiques, des tzaristes, des fascistes, des nazis, des régimes nationalistes par des gens qui – nous l’avons vu – ont systématiquement recours à cette forme de barbarie…  Notons également que la chaîne américaine Fox News – si prisé par certains dans nos milieux – est en pointe contre la démonisation du musulman… et du catholique (ce que certains oublient présentement), puisque la dernière porcherie cathophobe, Asylum, nous vient de cette chaîne « de droite » et « néo-con » (le néo est superfétatoire…). Le fait que notre famille de pensée ait été la seule à dénoncer la barbarie des fils d’Allah en Algérie (1962) ou au Liban (1975) nous rend d’autant plus à l’aise de dénoncer le piège à skuns quand il se présente…


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